IV

Depuis deux jours à présent, le Mégophias avait franchi le détroit de Behring et naviguait en direction du nord, en plein océan glacial Arctique. Sous les rayons obliques du soleil, les icebergs, détachés de la banquise par la débâcle du printemps, rassemblaient à d’énormes diamants taillés bizarrement par quelque génie capricieux.

Sur le pont du yacht, l’équipage tout entier se trouvait réuni autour de trois corps recouverts chacun d’un drap blanc et allongés sur trois planches posées en plan légèrement incliné vers la mer.

D’une voix tremblante, le professeur Frost lisait la bénédiction tirée du 129e Psaume, qui s’achève par ces mots :

Accordez-leur le repos éternel, 0 Seigneur,
Et que la lumière éternelle brille sur eux
.

 

Quand il eut terminé, le savant referma la Bible qu’il tenait à la main et fit un signe. Trois matelots s’avancèrent, soulevèrent chacun l’extrémité d’une des planches et les corps du capitaine Clayton et des professeurs Van Dorp et Lewis, de l’Université de Yale, glissèrent à la mer.

Tous trois étaient morts la veille, « empoisonnés par des conserves avariées », avait décrété le Dr Flint, médecin de l’expédition. Mais Flint était un ivrogne invétéré, engagé par Aloïus Lensky lui-même, et Morane le croyait prêt à tous les crimes pour une bouteille de whisky ou de gin.

« Empoisonnés par des conserves avariées, pensait Bob en serrant les poings. J’ai ouvert moi-même ces boîtes de conserve ; elles étaient toutes d’excellente qualité. Si l’on y avait glissé quelque poison pendant le parcours de la cuisine à la salle à manger, cela ne m’étonnerait pas outre mesure. Le steward a une tête qui ne me revient guère. »

Après quelques secondes de recueillement, le professeur Frost s’était tourné pour se mettre en marche, le front soucieux, en direction de sa cabine. Pendant quelques instants, Morane pensa le suivre mais, pour ne pas courir le risque d’être aperçu par Lensky ou Lester, il s’en abstint, préférant regagner sa propre cabine.

Le jour même où le Mégophias avait quitté le port de Seattle, le professeur Frost avait convoqué Morane afin de lui reprocher de s’être introduit frauduleusement à bord. Mais Morane avait souri, pour demander à son tour :

— Hier soir, professeur, quand vous et Lensky êtes intervenus, vous m’avez reconnu aussitôt. Vous auriez pu alors mc démasquer et m’obliger à débarquer. Pourtant, vous n’en avez rien fait. Pourquoi ?

Sur le visage rond et rose du savant, une expression de gêne était apparue.

— Peut-être parce que j’ai toujours admiré les gens qui veulent arriver au but coûte que coûte, dit-il.

Bob avait secoué la tête.

— Non, professeur. Vous ne m’avez pas obligé à débarquer parce que vous n’êtes pas sûr des gens qui vous entourent et que vous avez voulu vous rendre complice de ma ruse pour avoir au moins un allié à bord. Vous saviez qu’au moindre coup dur je me rangerais à vos côtés.

— Pourquoi voulez-vous, monsieur Morane, que je ne me sente pas en sécurité à bord de mon propre bateau ?

— Sans doute parce que vous n’avez pas grande confiance en cet Aloïus Lensky et dans l’équipage qu’il vous a imposé. Strictement entre nous, le Lensky en question m’a l’air d’un gredin de la pire espèce. Chaque fois que je le rencontre, j’ai l’impression de me trouver devant un serpent venimeux. C’est un être dangereux, j’en suis sûr, professeur. S’il n’avait pas quelque dessein caché, il n’aurait pas recruté un tel équipage. Quand on circule à bord du Mégophias, à considérer la tête des matelots, on a l’impression de se trouver sur un vaisseau pirate et, à tout bout de champ, on est saisi par la tentation de regarder la pomme du mât pour voir si le pavillon noir à tête de mort n’y flotte pas. Non, professeur, vous ne m’enlèverez pas de l’idée que cet équipage vous a été imposé.

Un mouvement d’impatience échappa à Frost.

— Pourquoi voudriez-vous que l’on m’ait imposé cet équipage ?

— Tout simplement parce que vous ne vouliez pas mécontenter Lensky, professeur. La dent du Mosasaure géant est une preuve certaine de l’existence réelle du squelette, voire d’un Mosasaure vivant. Or, seul Lensky connaît la situation exacte de l’archipel. Vous devez donc le ménager.

Un long silence succéda à ces paroles.

— Écoutez-moi bien, monsieur Morane, avait déclaré le professeur Frost, cette croisière représente peut-être pour moi l’aboutissement de toute une vie. Depuis des années je suis sur les traces du Serpent de Mer et rien, même les pires dangers, ne me fera rebrousser chemin.

Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Bob.

— Rebrousser chemin, fit-il, rebrousser chemin. Strictement entre nous, professeur, je doute fort que votre ami Lensky vous en laisse le loisir.

Le sang sembla soudain quitter le visage coloré du savant.

— Que voulez-vous dire ? Pourquoi M. Lensky refuserait-il de regagner Seattle ?

— Réfléchissez donc un peu, professeur, Votre but, à vous, est clairement défini. On vous a parlé du Serpent de Mer, et vous voulez aller le chercher, un point c’est tout. Mais Lensky, lui, que cherche-t-il exactement ?

— La gloire sans doute, monsieur Morane. Si je ramène la dépouille du Grand Serpent de Mer, Lensky, qui m’aura conduit, verra un peu de ma célébrité retomber sur lui. N’est-ce pas pour cette raison que vous vous êtes vous-même introduit à bord ?

Bob dodelina doucement de la tête.

— Peut-être, dit-il, peut-être, professeur, mais n’oubliez pas que je sens le danger aussi, Qui sait si je ne suis pas seulement ici pour vous protéger ? Votre « M. Lensky » ne me convient guère et je ne m’étonnerais pas s’il préparait quelque mauvais coup.

— Je n’ai pas besoin d’être protégé, avait coupé le professeur Frost d’une voix sèche, Quant à M. Lensky, je puis l’apprécier mieux que personne.

Le ton du professeur avait baissé sur ces derniers mots, comme s’il les lâchait à regret. Bob jugea inutile d’insister, et un long silence était tombé entre les deux hommes. Finalement, le savant l’avait rompu.

— Mieux vaut en rester là, monsieur Morane. Puisque vous êtes à bord et que je ne veux ni retourner en arrière ni vous faire jeter à la mer, vous participerez à la croisière. Pour tous, vous resterez Joseph Peeters. Pour les matelots qui vous ont aperçu lors de votre première visite sur le yacht, vous étiez venu dans le but de me demander de vous embaucher, mais je vous ai éconduit. La nuit du départ, après avoir changé d’aspect physique, vous êtes revenu vous faire engager par Sam Lester, en remplacement de Horn.

Morane s’était dirigé vers la porte de la cabine. Cependant au moment où il allait en franchir le seuil, la voix de Frost retentit à nouveau, mais avec bonhomie cette fois : – Et surtout, monsieur… Peeters, soyez sans crainte.

Tout ira bien.

 

 

Oui, tout avait bien été jusqu’au détroit de Behring, puis il y avait eu ce triple empoisonnement dû à « des conserves avariées ».

« Des conserves avariées… Tu parles ! » pensait à nouveau Morane en se dirigeant vers la cambuse. Mais le capitaine Clayton, les professeurs Van Dorp et Lewis étaient morts, et personne n’y pouvait rien, même si, comme le pensait Bob, ces morts étaient suspectes, Bientôt peut-être, ce serait au tour de Frost et, alors, Lensky deviendrait maître du Mégophias.

Une colère sourde empoignait le Français. Quelque chose, il le savait – mais quoi exactement ? – se tramait à bord du yacht. Malheureusement, l’incompréhension du professeur Frost, tout à son euphorie de partir à la recherche du Mosasaure, l’empêchait d’agir.

Aussitôt entré dans la cambuse, Morane se jeta sur son cadre. Une sorte d’incommensurable désespoir l’habitait maintenant. Trois hommes venaient de mourir, peut-être par sa faute. S’il avait agi plus tôt, rien de tout cela ne serait arrivé. Depuis le début, il s’était méfié d’Aloïus Lensky et, au lieu de l’empêcher de nuire, il avait attendu que l’irrémédiable se produise. Mais que pouvait-il, seul contre Lensky et la bande de coupe-jarrets acceptés à bord ? Bien sûr, il y avait Prost et les quelques marins restant de l’ancien équipage, mais le paléontologiste lui-même ne semblait guère croire à la scélératesse de Lensky.

Dans l’esprit de Bob, un scrupule demeurait cependant.

Ne jugeait-il pas Lensky avec trop de hâte ? Ne se laissait il pas aveugler par les apparences ? Il se redressa et se dirigea vers la cuisine proprement dite, mais il eut beau fouiller la poubelle, il ne retrouva pas les deux boîtes de homard vides, avec lesquelles il avait la veille, confectionné le repas de midi du capitaine Clayton et des trois savants. Pendant son absence, quelqu’un les avait emportées, Naturellement, il pouvait s’agir d’un marin chargé de vider les détritus à la mer mais, dans ce cas, il aurait emporté le contenu de la poubelle tout entière, et non les deux boîtes seulement. Cette constatation raviva les craintes de Bob Morane. Pourquoi avait-on subtilisé ces deux boîtes vides ? Sans doute pour qu’on ne puisse pas se rendre compte que la chair de homard qu’elles contenaient était saine, comme Bob en avait la certitude. Il se souvenait également que, la veille, quand le plat lui était revenu à la cambuse, il était parfaitement nettoyé, tout à fait comme si Prost et ses compagnons s’étaient précipités dessus comme des loups affamés. Mais alors, pourquoi Prost n’était-il pas mort comme les autres ?

Morane s’ingéniait à trouver une réponse à cette dernière énigme quand, dans son dos, la porte de la cambuse s’ouvrit soudain. Bob se retourna sans hâte, pour se trouver nez à nez avec le Dr Flint. C’était un petit homme aux jambes torses, aux cheveux filasses et aux paupières épaisses, sous lesquelles des yeux clairs, aux regards atones, semblaient à peine vivants, Flint devait être ivre, car il titubait et son visage aux traits bouffis, tourmenté par les tics, faisait songer à un bloc de gélatine.

— Que puis-je pour vous, docteur Flint ? interrogea Morane.

Un sourire idiot tordit les lèvres du médecin, Ses yeux, eux, demeuraient fixes et sans expression.

— Ce que vous pouvez pour moi, mon… vieux… Peeters ? Vous… pouvez… tout, et vous le savez bien…

— Je ne comprends pas, fit Bob qui, vraiment, ne voyait pas où Flint voulait en venir.

D’un geste vague, le docteur désigna une armoire métallique dressée dans un coin de la cambuse. Aussitôt, Bob comprit. Le rhum. C’était en effet dans cette armoire qu’était entreposé l’alcool destiné à être distribué à l’équipage en cas de tempête, et c’était lui, Bob Morane, qui en possédait la clef. Il secoua la tête.

— Vous savez bien, docteur, que c’est impossible. Le contenu de cette armoire m’a été confié, et je dois en rendre compte.

La voix de Flint se fit soudain suppliante.

— Un peu de rhum, dit-il, rien qu’un peu… de rhum… On ne refuse pas un peu de rhum à un chrétien… qui a soif. D’ailleurs, si j’allais le demander à ce bon M. Lensky, il m’en donnerait, lui. Ce bon M, Lensky n’a rien à refuser à ce bon… docteur Flint.

Ces dernières paroles frappèrent Morane. Si, comme il le croyait, Flint avait réellement truqué son rapport sur le triple décès de Clayton, de Van Dorp et de Lewis, il était évident que Lensky n’avait sans doute plus rien à lui refuser, Aussitôt, Bob songea qu’il pourrait peut-être arracher la vérité, ou du moins une partie de cette vérité à Flint. Mais comment ? « Dans le rhum la vérité, pensa-t-il en parodiant un fameux proverbe latin. Après tout, au point où Flint en est arrivé, une bouteille de rhum de plus ou de moins ne peut lui faire de mal. »

Morane alla vers l’armoire métallique, l’ouvrit et en tira un flacon qu’il tendit au médecin. Une lueur de plaisir abject apparut sur le visage de Flint. D’une main aux : doigts recourbés en griffes, il saisit la bouteille et, sans une seule parole de remerciement, il tourna les talons et quitta la cambuse. Bob entendit le bruit de ses pas pressés décroître dans la coursive, et il sourit.

— Dans une demi-heure, murmura-t-il, Flint sera étendu, ivre mort, dans sa cabine. Alors, je pourrai aller lui rendre une petite visite et tenter de lui tirer les vers du nez. Je n’ai que trop attendu pour agir, n’en déplaise au professeur Frost.

 

 

À travers la porte de la cabine de Flint, Morane prêtait l’oreille au moindre bruit mais, seuls, des ronflements lui parvenaient. « Ce brave docteur doit cuver son rhum, pensa Bob. C’est le moment d’aller lui faire une petite visite. » À l’aide d’un passe-partout de steward, il ouvrit la porte et, une fois dans la cabine, la referma derrière lui. Flint était étendu sur son cadre, une main pendant en dehors et, sur le plancher, la bouteille de rhum, renversée, se vidait des dernières gouttes de liquide laissées par l’ivrogne.

Rapidement, Morane fouilla la cabine. Cette besogne lui répugnait, mais quelque chose lui disait que Flint lui fournirait la clef de toute l’affaire. Dans la penderie, il découvrit la veste fourrée portée par le médecin lors de l’immersion de Clayton et des deux savants, Dans la poche intérieure, Bob trouva un vieux portefeuille contenant une centaine de dollars, un diplôme de docteur en médecine tout déchiré et recollé à grand renfort de scotch tape. Du fond d’un compartiment intérieur, Morane extirpa deux coupures de presse. Elles dataient déjà, la première d’une dizaine d’années, la seconde de sept. Quand Bob en eut pris connaissance, la personnalité du docteur Flint lui apparut sous un jour nouveau. Dix ans plus tôt, en effet, s’il fallait en croire les coupures de presse en question, Flint, chirurgien dans une clinique de New York, avait opéré en état d’ébriété et avait causé la mort du patient. Trois ans plus tard, à Dallas, il avait été mêlé à un crime en délivrant illégalement un permis d’inhumer.

Vraiment, Flint ne pouvait guère passer pour un médecin intègre et modèle, et son diagnostic sur la mort du capitaine Clayton et des deux savants se révélait de plus en plus suspect. Rapidement, Bob glissa les deux coupures de presse dans sa propre poche, puis il replaça le portefeuille à l’endroit où il l’avait trouvé.

Pourtant, quand Morane se retourna, une surprise l’attendait. Flint s’était redressé sur un coude et le regardait, l’œil vague, la lèvre pendante.

— C’que vous fichez ici… Peeters… à espionner les gens ? demanda-t-il d’une voix chuintante.

Morane s’approcha du lit. Maintenant qu’il venait de passer à l’action, plus rien ne devait le faire reculer.

— Docteur Flint, hein ? dit-il. Coupable de meurtre par imprudence, et condamné pour complicité à un crime. Et maintenant, vous n’allez pas me dire encore que Clayton, Van Dorp et Lewis sont réellement morts pour avoir mangé des conserves de homard avariées. C’est moi-même qui ai ouvert les boîtes, et je puis vous certifier que ces conserves étaient parfaites.

Flint tenta de se redresser davantage, mais il ne put y parvenir. Il se contenta donc de ricaner.

— Qu’est-ce que vous voulez… que ça me fasse que ces conserves fussent… parfaites. Être empoisonné par des conserves avariées ou de l’arsenic c’est pareil. Y a que le résultat qui compte, Clayton et les autres sont au fond de la mer maintenant.

Mû par une impulsion soudaine, Bob se jeta sur l’ivrogne et le saisit par le col de sa chemise, l’étranglant à moitié.

— De l’arsenic. Qu’est-ce que ça veut dire, Flint ? L’autre tenta de se dégager, mais le Français le mainte· nait d’une poigne de fer.

— Qu’est-ce que ça veut dire, Flint ? répéta-t-il d’une voix menaçante.

Le médecin secoua la tête.

— Je ne sais pas de quoi vous voulez parler, Peeters. Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.

Morane resserra son étreinte, La colère et le dégoût l’empoignaient.

— Vous êtes un ivrogne et un scélérat, docteur Flint !

L’autre ricana.

— Qu’est-ce que ça… peut bien faire ? Bientôt, je serai riche. Lensky me l’a… promis.

Soudain, l’expression de triomphe disparut de son visage, et il se mit à se débattre sous l’étreinte de Morane.

— Lâchez-moi, Peeters, lâchez-moi… ou M. Lensky saura tout.

Les mains de Morane retombèrent mais, presque aussitôt, son poing droit lancé à toute force, frappa Flint à la pointe du menton. L’ivrogne retomba en arrière et demeura immobile. L’effet du coup de poing, ajouté à ceux de l’alcool, l’avait sans doute mis hors de combat pour un bon bout de temps.

Pendant de longs instants, Morane considéra le corps inerte du Dr Flint.

— Il faut que j’aille avertir le professeur Frost, murmura-t-il enfin. Peut-être n’est-il pas trop tard pour intervenir.

Bob se dirigea vers la porte de la cabine et, après s’être assuré que personne ne le guettait dans la coursive, il referma le battant derrière lui à l’aide du passe-partout. Ensuite, d’un pas rapide, il se dirigea vers la cabine-bureau du professeur Frost. Pour l’atteindre, il devait passer devant la cabine d’Aloïus Lensky, contiguë à celle du savant, mais la porte en était close, et Bob parvint à destination sans faire de mauvaise rencontre.

Quand Morane frappa à la porte de la cabine-bureau, il dut attendre un long moment avant que la voix du professeur Frost ne retentisse, de l’autre côté du battant.

— Entrez !

Bob obéit et pénétra dans la cabine, Aussitôt, il eut un léger sursaut. Derrière le large bureau d’acajou poli, le professeur Frost était assis et braquait un pistolet automatique dans sa direction.

 

La Croisière du Mégophias
titlepage.xhtml
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html